Lettre ouverte à propos de la Petite Bibliothèque Ronde

Voici une lettre ouverte écrite par l’ensemble des élu-e-s de l’opposition, à destination des élu-e-s de la majorité, au sujet de la Petite Bibliothèque Ronde. Vous pouvez la télécharger ici.

 

Lettre ouverte des élu-e-s de l’opposition aux élu-e-s de la majorité
au sujet de la Petite Bibliothèque Ronde

Depuis un demi-siècle, la bibliothèque pour enfants de la Cité de la Plaine participe à l’image positive de la ville de Clamart. Joie Par les Livres puis Petite Bibliothèque Ronde, cette institution est célèbre, et admirée, dans le monde entier pour la remarquable réussite de son intégration, à la fois architecturale, sociale et culturelle, dans une Cité elle-même modèle du genre.

Par son caractère ouvert et familial, cette bibliothèque représente, pour plusieurs générations d’enfants de la Plaine, l’ouverture au monde. Pas seulement à celui de la lecture, ou plus généralement à celui de la culture ; nous pouvons dire au monde lui-même, pour ces enfants qui n’avaient pas eu autant de chance que d’autres. Ce qui leur est proposé depuis un demi-siècle va bien au-delà de ce que peut offrir une bibliothèque classique : le sens des responsabilités avec un système de prêt qu’ils gèrent eux-mêmes, la possibilité d’échapper au décrochage scolaire grâce à l’aide aux devoirs, la découverte de différentes activités avec divers ateliers, l’accès aux musées, aux théâtres, aux expositions et aussi aux savoirs les plus variés du personnel et des adultes invités…

Des bibliothécaires de toute la France, et même au-delà, viennent s’y informer, s’y former, et font rayonner cette expérience innovante dans tout le pays et à l’étranger.

Le bâtiment, œuvre des architectes de l’Atelier de Montrouge, bien connus pour leur souci de proposer des logements dignes et de qualité à tous, quels que soient leurs moyens, est classé Monument Historique depuis 2009. Il est un modèle d’adéquation entre l’espace, la lumière et les formes ; l’activité peut ainsi s’y épanouir en toute sérénité. Le mobilier, classé depuis 2007, est l’œuvre de l’architecte et designer finlandais Alvar Aalto, mondialement admiré, et tenu pour le plus grand architecte de tout le XXe siècle en Europe du Nord.

Rien de tout cela n’aurait été possible sans la volonté de la mécène Anne Schlumberger, et sans l’investissement humain et financier de sa famille, aujourd’hui encore très active pour maintenir cet héritage. En 1971, ils ont fait don du bâtiment à la ville de Clamart, à la condition expresse que les valeurs originelles de ce projet pédagogique et humaniste continuent d’être les moteurs de l’activité de la bibliothèque, et qu’il soit avant tout à destination des enfants de la Cité. La famille Schlumberger verse une subvention, conditionnée à cette exigence, très conséquente. Il faut insister sur ce financement. D’une part car il est tout à fait exceptionnel : il représente actuellement environ 55 % des subventions de la PBR (le reste venant majoritairement du Conseil de Territoire, et un peu du Ministère de la Culture). D’autre part parce qu’il ne perdurerait pas si les activités de la PBR étaient soumises à des exigences, de la part des collectivités locales, incompatibles avec ces valeurs originelles.

 

Un différend s’est installé entre l’association et la municipalité, chacun campant sur ses positions. Nous n’en rappellerons pas ici tous les épisodes. Mais nous avons quelques interrogations :

  1. Monsieur Berger a décidé la fermeture du bâtiment, et s’est appuyé sur la présence d’amiante, qu’il estime dangereuse, et sur l’état des espaces d’accueil pour le public, qu’il estime insalubre, pour justifier l’urgence des travaux. Pourtant, des diagnostics réalisés par une entreprise indépendante, s’ils ont bien conclu à la présence d’amiante non-volatile dans les matériaux, ont assuré qu’elle ne représentait aucun danger immédiat. Par ailleurs, le 21 juin 2016 une commission de sécurité incendie a donné un avis favorable à l’accueil du public. Alors, pourquoi une telle précipitation ?
  2. Des palissades ont été érigées tout autour de la bibliothèque. Or, le bâtiment étant classé Monument Historique, on ne peut envisager les moindres travaux sans l’accord de la DRAC (Direction Régionale des Affaires Culturelles) d’Île-de-France. Cette autorisation n’a jamais été donnée. Il n’y a aucun panneau de déclaration de travaux sur le chantier. Celui-ci est donc illégal. Pourquoi Monsieur Berger prend-il ce risque juridique ?
  3. Monsieur Berger n’a pas pu répondre aux questions posées quant à l’engagement budgétaire et au calendrier des travaux. Le temps pour qu’une demande soit déposée et examinée, pour que les appels d’offre se mettent en place, il est évident que rien ne se passera avant, au très bas mot, au moins un an. On peut même raisonnablement penser que cela prendra plusieurs années. Or tous les experts sont formels : rien ne détériore plus un bâtiment que de le laisser vide et inoccupé. Les travaux n’en seront que plus compliqués, et par conséquent plus coûteux. Pourquoi avoir voulu malgré tout, empêcher toute activité ?

 

Sur les panneaux des palissades, nous pouvons lire : « Vivre ensemble, exercice de la liberté, accès à la culture… à l’époque le projet est révolutionnaire ». Juste après, sur fond de l’intérieur de la médiathèque François Mitterrand : « Préserver la petite bibliothèque ronde, c’est poursuivre la mission d’accès à la culture engagée il y a 50 ans. En maintenant le livre au cœur du quartier, nous maintenons le lien fort qui unit cet édifice à son quartier et à ses habitants ». Puis, à l’entrée de la PBR : « Pendant la durée des travaux, la médiathèque François Mitterrand vous accueille dans ses locaux. », avec une présentation extrêmement attractive (ateliers proposés, horaires d’ouverture, plan qui montre la proximité avec la PBR…) de la médiathèque.

L’article de la page 11 dans le Clamart-Infos de novembre 2016 va dans le même sens, avec même une vision de la PBR qui la réduit aux « séances de lecture », et surtout présente son état sous le pire éclairage possible.

N’y a-t-il pas là comme un message subliminal, qui tendrait à faire penser que la PBR fait double emploi avec la médiathèque ? Il y a là un risque de dresser les deux activités l’une contre l’autre, ce qui n’est évidemment pas du tout souhaitable.

Cela amène une autre question :

  1. D’un simple point de vue de bonne gestion, l’option médiathèque pourrait être désavantageuse pour la ville de Clamart puisqu’elle risque de perdre le mécénat conséquent de la famille Schlumberger. Pourquoi une telle gestion apparemment irrationnelle des deniers Clamartois ?

La Petite Bibliothèque Ronde et la médiathèque François Mitterrand  ont des rôles qui sont complémentaires, mais qui ne peuvent en aucun cas se confondre. À un petit bâtiment uniquement dédié aux enfants, à leur échelle, au cœur de la cité, répond un grand édifice, fréquenté également par les adultes, dans un environnement beaucoup plus imposant avec sa grande place et ses autres bâtiments publics. Leurs activités aussi diffèrent : la PBR est ouverte tous les dimanches, y compris pendant les vacances scolaires ; elle propose de nombreuses activités spécifiques ; elle participe de près à la vie du quartier ; elle est partie prenante, et même le moteur, d’un véritable réseau de professionnels… L’ouverture culturelle que la PBR propose stimule les jeunes à la lecture et donc aussi à l’utilisation de la médiathèque François Mitterrand.

 

La Petite Bibliothèque Ronde est un projet éminemment politique, dans le sens le plus noble du terme : elle est au cœur de la « polis », c’est-à-dire de la cité. Mais ce n’est pas un projet politique dans le sens partisan du terme. Il ne doit pas être récupéré par aucun parti. Ni de droite ni de gauche, c’est un projet humaniste, que tous ceux qui se réclament de cette valeur fondamentale peuvent soutenir.

Par ailleurs, nous ne comprenons pas bien cette « défiance » de la municipalité vis-à-vis de l’association, qui, en annonçant un appel d’offre pour la reprise de l’activité après les travaux, lui impose une pression difficilement soutenable. Le travail de cette association est suffisamment remarquable, depuis plus d’un demi-siècle, pour que nous puissions lui faire confiance a priori.

C’est pourquoi nous, élu‑e‑s municipaux qui nous revendiquons de cet humanisme, et qui de ce fait défendons le projet de la PBR tel qu’il est actuellement, faisons appel à vous, qui êtes comme nous élu‑e‑s municipaux, et dont nous savons, pour un certain nombre, que vous partagez cet humanisme pour que la PBR soit considérée une ressource indispensable à la culture de l’enfance de notre ville.

C’est pourquoi nous vous demandons de nous soutenir dans nos revendications auprès de la municipalité :

– qu’elle revienne sur ce qui semble être une volonté de remettre en cause l’association PBR en la « municipalisant » ;

– qu’elle relance la concertation avec la PBR en ce qui concerne les travaux qui seraient nécessaires ;

– qu’elle assure la continuité effective des activités de l’association et qu’elle s’engage au retour, à l’issue des travaux, de l’association PBR dans les locaux (en supposant qu’un déménagement soit nécessaire).

 

Très cordialement,

 

Gérard Aubineau, Marie-Anne Boyer, Pierre Carrive, Christian Delom, Philippe Kaltenbach, Françoise Morgère, Isabelle Rakoff, Pierre Ramognino et Marie-Christine Vandrell

 

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4 réponses à Lettre ouverte à propos de la Petite Bibliothèque Ronde

  1. CAMBON dit :

    Trés bien, il faut dénoncer les mensonges de M.Berger et M. Le Got au sujet de l’existence de ce lieu unique. Particulièrement ignoble de parler de la vétusté du lieu, diffusion de photos, faux témoignages, interdiction d’y pratiquer les animations extra-scolaires…et autres actions sournoises visant à dévaloriser le travail accompli par l’équipe éducative.
    Il semble que ces élus ne veulent surtout pas qu’il existe dans notre commune des lieux culturels qui leur échappent.
    Pourtant en matière de vétusté, ces élus ne sont pas gênés par le manque de chauffage du Centre Chanot où de plus une vitre est brisée depuis plus d’un an.
    A J.Arp, WC pour handicapé bouché et ascenseur en panne depuis au moins un mois! Mais que les handicapés se rassurent un projet est à l’étude pour restaurer entièrement le bâtiment Centre culturel et marché.
    Il suffit ce patienter.

  2. berthelier dit :

    Berger est un inculte notoire dont la bibliothèque ne doit qu’offrir des Blake le roc et Picsou magasine mais aussi le Moniteur du BTP pour suivre l’actualité de ses amis promoteurs

  3. Ping : Au Conseil Municipal du 24 novembre 2016 | Association Clamart Citoyenne

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