Une pseudo colère ?
Le point principal a été le débat sur la révolte urbaine et le déchaînement de violence de cette dernière semaine. Pour rappel Clamart Citoyenne avait appelé au calme et condamné ces violences dès le premier jour, et était présente le lundi 3 juillet à midi devant la mairie de Clamart pour soutenir les élus victimes de violence.
Le vœu, présenté par le groupe Démocrates Clamartois (LREM) qu’on nous demandait de voter à ce conseil municipal contenait deux idées que nous ne pouvions pas partager et nous avons souhaité l’amender. Tout d’abord celle que les causes de la colère étaient (tout simplement !) des pseudos-causes, des « prétextes » pour commettre des délits. Ensuite celle que le problème serait réglé (tout simplement…) grâce à plus de moyens pour les forces de l’ordre :
Selon nous il ne suffit pas de rétablir l’ordre par la force, soit-elle légitime, mais il faut simultanément s’attaquer aux causes de la colère (ce qui ne signifie pas justifier la violence) si l’on ne veut pas revivre sans fins les mêmes évènements. Nous avons donc proposé des amendements allant dans ce sens. Notre analyse est que les jeunes sont à un âge où tout est encore possible et que notre rôle d’élus est d’être porteurs d’espoir et de propositions qui rassemblent, et pas et de nous cantonner à une posture de surenchère répressive.
Nous avons rappelé que la plupart des familles de ces jeunes sont dépassées par la situation, et qu’elles espèrent comme toutes les familles donner un projet d’existence à leurs enfants. Il s’agit souvent de femmes seules avec de grandes difficultés sociales, et ne leur parler que de « punition » contribuerait à les disqualifier aux yeux de leurs enfants, alors qu’elles ont besoin de notre aide. Si la majorité était prête à accepter certains de nos amendements, ceux qui visaient à comprendre les causes de la colère ont été écartés.
Ci-dessous le texte intégral de nos propositions d’amendements :
Des LBD pour calmer la violence ?
Le vœu finalement adopté, que nous avons été les seuls à ne pas voter, contenait des amendements de la majorité, qui consistaient en trois propositions :
- Fournir à la police municipale des « lanceurs de balles de défense »(LBD) d’une portée de 50 à 100 mètres, au lieu des 5 à 10 mètres actuels.
Bien que présenté comme des « armes de défenses », rappelons que selon un rapport du Sénat de 2019, les LBD ont été à l’origine, l’année en question, de 2 200 blessés (206 blessures à la tête, alors que les tirs au-dessus du thorax sont interdits), de 22 personnes éborgnées et au moins 2 morts. Le Parlement européen avait d’ailleurs condamné « l’usage disproportionné de la force » dans le cadre de manifestations. De son côté, la Haut-Commissaire de l’ONU avait réclamé au gouvernement français, devant le Conseil des Droits de l’Homme, une enquête « sur l’usage excessif de la force ». En France, le Défenseur des droits, Jacques Toubon avait demandé leur interdiction dans le cadre d’opération de maintien de l’ordre, quelle que soit l’unité susceptible d’intervenir ».
Utiliser ce type d’arme à une distance de « 50 à 100 mètres », de nuit sur des cibles mobiles, est très hasardeux et présente bien évidemment des risques importants pour les personnes visées. A contrario, compte tenu de la puissance de ces armes, des tirs à plus faible distance induisent un risque de lésions graves voire mortelles…
- Récupérer les logements sociaux attribués habituellement par le préfet (pourtant représentant de l’État et garant de l’intérêt général). Nous n’avons pas compris le rapport avec les causes à traiter de la révolte urbaine et cette demande nous semble plutôt relever d’une volonté constante d’accroitre, à nouveau, les pouvoirs discrétionnaires du maire.
Un second volet visait à obtenir « l’accélération des opérations de renouvellement urbains », à l’image des 3F (750 logements sociaux détruits et près de 2 000 personnes relogées à Clamart et en dehors). Comprenez : « se débarrasser des personnes les plus en difficultés sociales sur d’autres communes ». Belle manière de régler les questions politiques, en créant de facto de nouveaux ghettos !
- La dernière proposition portait sur la modification du statut des élus (rémunération, formation, protection sociale). S’il n’y avait eu que ce sujet qui empêchât le consensus, nous aurions pu discuter longuement des tenants et aboutissants, que nous avons eu du mal à saisir, de cette proposition. Mais au moment d’en débattre, il était évident que nos positions étaient trop éloignées pour permettre l’adoption d’un texte commun.
Texte du vœu finalement adopté :