Gilets jaunes
Un mouvement social qui inquiète à ce point les gouvernants n’est pas courant.
Qui n’a pas été surpris ? Spontané, faiblement coordonné, de composition très diverse, organisé, inorganisé, féminin, hétérogène en termes d’orientation politique mais aussi d’intérêt pour la politique… Comme souvent lorsqu’il est d’ampleur, ce mouvement n’a en rien été initié par les organisations traditionnelles même si nombre de leurs militants y participent.
Les origines de ce mouvement sont multiples mais en même temps assez anciennes : sans doute la rupture du « pacte social », c’est-à-dire l’injustice en matière de répartition des richesses : les uns en ont toujours trop, d’autres vivent avec rien ; mais aussi l’absence de démocratie et de représentation que démontre l’abstention, une assemblée godillot plus à même de « suivre les consignes » que de contrôler l’exécutif, la trahison de quelques politiques plus préoccupés de leur sort et hors de portée du quotidien de ceux qu’ils doivent servir, une mondialisation qui fournit l’occasion aux puissants de réduire les contreparties consenties précédemment, la disparition des protections de l’État, notamment dans les services publics, en matière de réglementation du travail, d’emploi et de retraite, et un État de plus en plus assujettit aux intérêts privés.
Peut-on impunément maintenir autant de frustration sans que la politique ne déménage dans la rue ? Peut-on continuer à diminuer les droits et les budgets sociaux, les revenus et les aides, sans qu’un jour le balancier ne repartent dans l’autre sens ? Peut-on indéfiniment accepter qu’une économie ne serve pas en priorité l’humain, que la division des peuples serve de prétexte aux nationalismes ? Et que dire du désastre écologique en cours, que l’aveuglement d’orientations mercantiles aggrave chaque jour ?
Face à ce mouvement, le pouvoir macroniste s’enferme, nie l’évidence et tente de le discréditer.
La violence tout d’abord. La « jaune » bien sûr, pas la « violence sociale », moins « audimatophage ». Ou bien encore celle des pavés, mais surtout pas celle des stratégies répressives : interpellations massives (près de 5 000 à ce jour !), canons à eau, véhicules blindés de la gendarmerie, policiers à cheval, grenades (13 500 le seul samedi 1/12), lanceurs de balles de défense, interdictions de manifester… Une stratégie dont chacun a pu constater qu’elle n’avait en aucun cas apaisé les tensions. L’institution a la main sur le niveau de violence. Plus l’État l’élève, plus les manifestants suivent.
L’épouvantail des ultras de droite ou de gauche, tel l’arbre qui cache la forêt des manifestants révoltés mais pacifiques dans leur immense majorité, a été ces dernières semaines le deuxième leitmotiv des médias dominants. Réduire le mouvement tout entier à quelques ultras, c’est un must pour ceux qui continuent de prendre les Français pour des enfants.
Et dernièrement, l’argument de l’antisémitisme. L’acte d’un imbécile a permis à certains commentateurs de qualifier le mouvement d’antisémite. Il y en aura d’autres…
De nombreuses revendications sont partagées par nombre de Gilets jaunes : le Référendum d’Initiative Citoyenne (RIC), le développement des services publics, le développement d’une politique de sauvegarde de l’environnement qui ne grève pas le porte-monnaie des plus faibles, la justice fiscale, avec notamment le rétablissement de l’impôt de solidarité sur la fortune … Que fera ce gouvernement ? Plutôt que « Pourquoi les gens se révoltent-ils ? », il faudrait se demander : « Pourquoi ne le font-ils pas plus souvent ? », et au lieu de se demander si « la révolution citoyenne » va venir, se demander plutôt « quand elle viendra » car plus tôt elle viendra moins ce sera dans la douleur.
Je partage complètement cette analyse
antisémitisme: un exemple ne prouve rien, deux non plus, trois ça commence à inquiéter alors attention à la répétition des actes irresponsables qui visent aussi des anonymes et pas seulement des notables. De triste mémoire: que le rejet vienne des gilets jaunes et/ou d’ailleurs, ça commence toujours comme ça et c’est grave et écoeurant. Alors attention et vigilance.
Bien cordialement
Clamart Citoyenne a bien tardé à parler des GJ, mais quand je lis votre « papier » je comprends bien pourquoi… vous n’avez rien à dire!!
Vous auriez pu par exemple organiser un débat puisque notre maire n’en organise pas.
Et peut-être que des citoyens ne partageant vos « analyses » auraient pu s’exprimer et dire leur ras-le-bol de voir les grandes villes bloquées tous les samedi et le pays dans cet état de haine et d’incompréhension. Ce mouvement c’est le RN qui en tire les fruits mais ce n’est pas un hasard puisqu’il l’attise. D’ailleurs fait très rare, nous avons eu droit à une distribution de tracts du RN au marché provisoire samedi. Ça ne vous interpelle pas? Ça ne vous inquiète pas?
Bonjour,
Désolé de ne pas être en accord avec vos propos. Clamart Citoyenne suit le mouvement des Gilets Jaunes depuis ses origines, nos adhérents ont participé eux-mêmes à de nombreuses manifestations et nous avons largement communiqué sur le sujet (cf. Twitter, Facebook et notre site). Mais peut-être êtes-vous passé à côté de cela (bien que les moteurs de recherches soient aujourd’hui assez performants…). Et, puisque vous en parlez, sachez également que nous organisons un débat, à Clamart, dans le cadre du « Grand Débat ». Vous y êtes bien entendu le bienvenu. A toutes fins utiles nous vous rappelons (cf. supra) qu’il aura lieu ce soir, 18 février, à 20H30 salle Bleue de la Maison des Sports de Clamart.
Bien cordialement,
Clamart Citoyenne
Je partage entièrement cette analyse, même si je la trouve incomplète, notamment sur 2 points (mais il y en a d’autres):
a) La représentativité du Parlement, des Institutions élues en général, dû à la Constitution de la 5 ième république. Ex chiffré : élections législatives 2017 : exprimés 38,43 % du corps électoral / LRM 13,44 % du corps électoral, 307 députés, majorité absolue. Vous pouvez consulter les résultats officiels sur http://www.interieur.gouv.fr/Elections/Les-resultats. Vous y apprendrez une foule de choses sur notre démocratie dite représentative.
b) Le poids de la dette : plus de 50 milliards d’euros versés chaque année au titre des INTERETS du capital ! Pour la rembourser, il faut prendre/rogner sur toute la valeur ajoutée produite en France : une saignée continue, qui anémie, petit à petit, le « patient ».
De plus pour la dernière affaire Finkielkraut, les média ont confondu antisémitisme et anti-juif. voir le communiqué de l’Ass France Palestine Solidarité AFPS