Double peine pour les enseignants : ils ont plus que jamais besoin de notre soutien
Les enseignants vont se retrouver lundi 2 novembre pour la première fois après avoir perdu leur collègue Samuel Paty dans les conditions que l’on connaît. L’émotion est grande. Ils avaient demandé à se retrouver avant, pour échanger, faire corps, et pouvoir tenir un discours commun sur les valeurs de la République, adapté à chaque niveau d’élèves et à chaque situation locale. On leur avait accordé le tout début de journée de la rentrée, jusqu’à 10 heures. C’était bien le minimum qu’on puisse leur accorder, après avoir proclamé que la nation avait compris à quel point leur rôle était important, et leur niveau de compétences pédagogiques de très haute volée. Ils avaient besoin de ce temps fort d’échange et de préparation entre eux, pour le partager ensuite avec leurs élèves avant la minute de silence de 11 heures. Et voilà qu’à la dernière minute, pour cause de nouvelle organisation sanitaire, ce souci, ô combien légitime d’un point de vue humain et pédagogique, est balayé par une directive ministérielle absurde : organiser la rentrée « comme à l’habitude » ! Mais le lundi 2 novembre était-elle une journée habituelle, après ce qui c’était passé le vendredi de la sortie ? Les enseignants sont sous le choc et on les comprend.
Dans le même temps ils ont dû faire face en 48 heures à un nouveau protocole sanitaire. Le énième depuis la première vague. Un protocole ministériel qui varie là encore d’heure en heure, avec des dispositions rigides qui visent davantage à faire croire qu’on maîtrise la situation, quand les conditions locales (taille des locaux, surface de la cour et des réfectoires, nombre d’élèves…) les rendent souvent inopérantes quoi qu’on fasse. Mais les enseignants sont tenus par le devoir de réserve. Ils n’ont pas le droit de critiquer ces directives, dont ils ne sont pas responsables. Malheureusement les incompréhensions s’accumulent et la colère des familles inquiètes s’abat sur eux car ils sont à portée de main. Ils ne sont pourtant responsables de rien.
Plus que jamais les enseignants ont besoin d’être accompagnés et protégés. Indulgence, empathie, soutien. Donnons-leur tout ce qu’ils ne reçoivent pas « d’en haut ». C’est bien le minimum que nous leur devons.