Voila, c’est fait…

Ce matin [29 octobre 2014] nous n’étions pas à la fête, à 6h30 au Petit Clamart. Nous étions rassemblés pour assister à l’expulsion de vingt-sept familles de Roumains pauvres qui habitaient là, pour la plupart depuis plus de cinq ans. Dans le brouillard et la nuit du petit matin, l’émotion était à son comble quand on a vu chaque famille rassemblée devant sa maison, pauvre maison en planches, avec ses enfants habillés chaudement et ses paquets entassés. Dimanche dernier, lors d’une réunion sur place, ces familles avaient demandé que nous ne nous opposions pas à l’expulsion ; donc, nous étions « juste là », avec nos appareils photo tout de même… Il y avait les trois associations qui se sont le plus occupées d’eux depuis des années : la Ligue des Droits de l’Homme, le Secours Catholique, Rom Europe. L’appel fait auprès de la gauche clamartoise a amené des militants de Clamart Citoyenne, des Verts, de la gauche radicale. Je n’ai vu personne du PS, ni du PCF (j’aurais sans doute eu du mal à leur parler poliment…). Au total, nous étions une quinzaine de militants présents pour les soutenir et leur réchauffer le cœur dans la mesure de nos moyens. Une des habitantes nous a distribué des bonbons à un moment en disant : « prenez, vous ne voulez quand même pas qu’on les distribue aux policiers ! »…

À 7h30 environ, une centaine de CRS a pris position dans la longueur de l’allée de ce « petit village » de pauvres au milieu de la banlieue bourgeoise de Paris. Il y avait aussi des policiers en tenue, en civil, avec ou sans brassard, deux commissaires et un groupe de CRS casqués à l’écart pour le cas où… Tout cela avec le blocage d’une file de circulation de la bretelle allant au Petit Clamart, à une heure de pointe, pendant plus de deux heures…

Avec les « forces de l’ordre », sont arrivés quelques cravatés : le sous-préfet des Hauts-de-Seine, par exemple, que les trois associations citées plus haut voyaient pour la première fois malgré les dizaines de demandes de rendez-vous depuis plusieurs années. La Maire de Bièvres est également venue un peu plus tard (elle m’a fait penser à Nadine Morano, mais grisonnante). Et puis quelques personnes en civil avec des dossiers sous le bras. Pour moi, c’est ça le vrai visage de la dictature « moderne » : un homme en civil avec un dossier sous le bras !

Une policière a plusieurs fois fait demander par un interprète de bien expliquer aux gens qu’ils signalent ce qu’ils veulent ou non garder, et qu’ils le disent tout de suite, car après ce sera trop tard.

Ensuite sont arrivées des camionnettes de déménagement avec tous les employés en combinaison de travail intégrale blanche et gants (comme si les Roumains avaient Ebola). Tout se passait bien, dans la résignation. Les employés en blanc ont pris avec des précautions correctes (tout se passait bien, je vous dis) les objets que leur ont désigné les habitants pour les mettre je ne sais pas où (aussi bien au garde meuble qu’à la déchetterie…). En effet, ce soir il ne devra RIEN rester sur place. Les familles ont été regroupées en haut du village à un endroit élargi, une sorte de place de transbordement (en allemand, Umschlagplatz, cherchez dans Wikipedia !). Elles se sont regroupées de bonne grâce, en petits groupes avec leurs baluchons… Images saisissantes et effrayantes…

Ensuite sont arrivées les personnes de ADOMA [anciennement Sonacotra : société nationale de construction de logements pour les travailleurs] et de la DRIHL [direction régionale et interdépartementale de l’hébergement et du logement] qui avaient des hébergements pérennes à offrir à moins de la moitié des villageois, et des hébergements en hôtel pour trois nuits aux autres. Évidemment ces hébergements se situent à Limay, Nanterre, Arcueil, Puteaux, etc… dans le but de les séparer. Tout se passait bien, je vous dis.

Ensuite, on a fait monter dans deux petits autocars certaines familles, accompagnées par le Secours Catholique, pour aller à Limay. Les autres devaient a priori se débrouiller.

Vers 9h30, nous avons dû partir nous aussi pour aller au boulot. Au passage, plusieurs habitants nous ont dit : « merci, merci beaucoup »… Mais, de quoi ? Qu’avons-nous fait ? Simplement être là….

Tout s’est bien passé, je vous dis…. Sauf que je ne pouvais m’empêcher de chercher où était le bâtiment des douches…

Et tout ça, c’est un gouvernement socialiste qui le met en œuvre.

Il nous reste la colère et la honte.

Philippe Antzenberger

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5 réponses à Voila, c’est fait…

  1. PhW dit :

    Cher Philippe, permets-moi de te dire que ces lourdes références à l’holocauste et aux camps d’extermination dans ton texte, elles me surprennent de ta part et je ne les trouve pas bien décentes.

    Tu auras noté que la commune de Clamart est tenue de proposer, soit directement soit indirectement, 10 places d’hébergement aux gens du voyage, et qu’il s’agit d’une obligation légale du PLU. J’espère que beaucoup d’habitants auront à coeur de marteler cette obligation à l’attention de la majorité municipale dans les mois qui viennent.

    PhW

  2. lorrain dit :

    Salut PhW
    j’ai connu un camarade qui avait les mêmes initiales, nom et prénom, et travaillé au sein de la municipalité précédente, attentif à veiller aux comptes de la commune
    peut-être est ce toi
    si c’est bien toi (sinon excusez moi), comment se fait-il que les dix places prévues par le PLU aux gens du voyage ne soient pas dès maintenant disponibles, prévues par la loi au moment où tu étais aux affaires
    nous aurions pu sauver dix caravanes !
    mais tu fais une erreur
    il ne s’agit pas ici de gens du voyage, mais de citoyens européens venu s’installer dans un autre coin de l’Europe que leur lieu de naissance
    circulation des biens et des personnes
    au plaisir de te lire
    Philippe Lorrain

  3. Robert Aline dit :

    les gens du bidonville ne sont pas des gens du voyage et n’ont pas « droit » à ces places, même si elles existaient.
    RA

  4. PhW dit :

    Je réagis, puisque l’intervenant qui signe Philippe Lorrain m’invite à réagir…

    Je n’imaginais pas qu’il y ait un doute sur mon identité.
    Bien sûr, les deux mandatures précédentes ont des bilans critiquables. Elles ont connu des échecs et des renoncements. Tu as raison de remarquer, implicitement, que je dois en prendre ma part puisque je suis resté jusqu’au bout membre de la majorité municipale et que je n’ai pas rendu les délégations qui m’avaient été confiées.

    Je suggère une action dans l’avenir (proche) et tu me réponds en m’invitant à faire acte de contrition pour le passé. Je viens de le faire, mais ça nous avance à quoi ?

    Sur la seconde partie de mon commentaire, je me suis basé sur le § 3.1.3 du « porter à connaissance » de l’Etat (voir site mairie) intitulé « logement des populations spécifiques ». Dans la suite, il est vrai que cette section se focalise sur les gens du voyage. Alors les Roms n’en seraient pas bénéficiaires ? C’est donc une mauvaise interprétation de ma part. Mais alors je ne comprends pas pourquoi tu écris qu’on aurait pu sauver dix caravanes.

    Je n’ai pas détecté dans vos réponse de signal positif en réaction à ma suggestion concernant l’accueil des gens du voyage. Mais je suis sûr qu’il ne faut pas désespérer.

  5. lorrain dit :

    Bonsoir Philippe W,
    tu as raison, une possibilité d’hébergement des gens du voyage sur Clamart n’aurait pas permis de sauver les caravanes des Roumains expulsés.
    Bien sur qu’il faut obtenir l’application des règles du PLU concernant les gens du voyage…
    et aussi suivre le devenir des Roumains expulsés.
    Philippe Lorrain

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